Acquis de counseling en maitrîse en carriérologie
Virginie Brodeur, étudiante à la
maîtrise en carriérologie, UQÀM
Louis Cournoyer, professeur en
counseling de carrière, UQÀM
Au cours des études au
baccalauréat en développement de carrière et de maîtrise en carriérologie,
plusieurs approches du counseling sont enseignées. Parmi celles-ci trois ont
plus particulièrement retenues mon intérêt, soit l’approche orientée vers les
solutions (O’Hanlon et Weiner-Davis, 1995), l’approche d’analyse des projets
personnels (Little et Chambers, 2000) et celle de la psychologie positive
(Seligman, 1993; Mandeville, 2005). Cet article expose ces trois approches,
sans prétention d’exhaustivité, puis présente la manière dont j’ai intégrée
celles-ci au sein d’une démarche-type de counseling de carrière.
L’approche orientée
vers les solutions
Pour O’Hanlon et
Weiner-Davis (1995), il vaut mieux s’attarder à rechercher des solutions aux
problèmes que des problèmes aux solutions. C’est ainsi que l’approche orientée
vers les solutions propose des interventions axées sur la mobilisation
d’objectifs, de solutions et de ressources personnelles. Les conflits du passé
sont rapidement explorés pour donner place aux perspectives présent-futur.
Parmi ses stratégies d’intervention, il est à noter la question miracle, les
moments d’exception et la prescription de comportements tolérables. La question miracle consiste à déplacer la
situation problématique perçue par le client dans un lieu et un temps fictifs
où serait résolue celle-ci. Lors d’une
rencontre où j’ai fait usage de la question miracle, j’ai pu constater que le
fait que ma cliente s’imagine ne plus être aux prises avec ses difficultés et
avoir atteint son objectif permettait de mobiliser chez elle l’espoir du
changement et le désir d’agir dans cette direction. Quant à la technique de
recherche de moments d’exception, il
s’agit de trouver des expériences de vie où le problème relaté parle client
n’est pas vécu de façon problématique. Ensuite, le conseiller examine avec le
client les ressources déployées et les conditions présentes à ces moments pour
voir comment les transférer au contexte actuel faisant problème. Les solutions
peuvent être présentes sans que la personne s’en rende compte. Suite à cette
prise de conscience, une personne peut essayer de les reproduire lorsque la
situation réapparaîtra. La prescription
de comportements tolérables s’appuie sur la notion de changements à petits
pas où la personne est invité à faire l’essai de comportements minimalement à
risque, plus garant d’une hausse de l’estime et de la confiance en soi. Au cœur
de l’approche centrée sur les solutions se retrouve une relation de
collaboration (O’Hanlon et Weiner-Davis, 1995) où le client y est considéré
comme l’expert de sa situation puisque c’est lui qui définit ses propres
objectifs de changement et qui mène les actions de recherche de solutions à sa
problématique.
L’approche d’analyse
de projets personnels
Pour Little et Chambers
(2000), tous nos projets témoignent de préoccupations à l’égard du présent et
du futur, de même qu’intentions d’actions et de sens propres à la personne. La
réalisation de projets témoigne de la volonté d’actualisation de soi de
l’individu. Ainsi, en examinant les caractéristiques, les aspects positifs et
négatifs, la faisabilité, les significations, ainsi que les dimensions des
projets personnels entretenus par la personne, le conseiller peut alors adapter
ses interventions au fonctionnement psychologique et ressources de la personne.
Là encore, la relation conseiller-client porte sur l’engagement du client dans
sa démarche et la mobilisation active de ses ressources personnelles. Elles
laissent plutôt la place aux possibilités, ce qui est davantage encourageant et
positif pour la personne. Les projets personnels dévoilent beaucoup
d’informations sur le client puisqu’ils sont entre autre le reflet de ses
constructions personnelles et de l’environnement dans lequel le client évolue.
Un avantage important de l’approche est de faciliter l’implication de personnes
plus réservées ou plus limitées au plan
du vocabulaire. Je crois qu’un client ayant de la difficulté à s’ouvrir au plan
affectif sera plus à l’aise de discuter d’abord des projets personnels qu’il entretient et, de ce
fait, sera plus enclins par la suite à préciser ses pensées ou ses émotions à
leurs égards.
La psychologie
positive
Chacun possède en lui des
forces souvent cachées par les difficultés vécues par l’individu. Lorsque nous
vivons des moments de faiblesses, nous avons tendances à oublier nos forces. La
psychologie positive souhaite faire prendre conscience aux personnes de ces
moments plus difficiles où des ressources personnelles furent mises en action pour
passer au travers. Il s’agit là d’une vision positive de nous-mêmes soulignant
notre capacité d’affronter et de surmonter nos difficultés. La psychologie
positive se pose en opposition de certains courants plus traditionnels de la psychologie
qui focalisent leurs actions sur les maux, les difficultés et réparations
requises chez la personne. À l’inverse, la psychologie positive mise sur les
forces humaines, sur l’attention portée aux émotions, ainsi que les expériences
positives vécues pouvant être source
d’espoir et d’optimise pour l’avenir (Mandeville, 2005). Elle pose un regard
sur les comportements et les traits de caractères associés au bonheur d’un
individu tels que le courage, la persévérance et la sagesse par exemple.
Concevoir le
processus par ces trois approches
Ma conception du counseling
de carrière porte sur une démarche-type de quatre à cinq rencontres où l’accent
des interventions porte essentiellement sur les ressources positives et
l’individualité de la personne et sur la recherche constante d’un fil
conducteur à l’expérience subjective de la personne. Dès l’accueil du client et
de sa demande, il est primordial de veiller à l’établissement d’une alliance de
travail et d’un climat de confiance sain entre le conseiller et son client. À
cela s’ajoute l’importance de recenser les démarches réalisées, les obstacles
rencontrés, les impacts recherchés par rapport à un objectif de changement
clairement identifié. À partir de là,
une exploration du parcours de vie de la personne sur les plans
personnels, professionnels et scolaires est réalisée au regard des trois
dimensions de la personne que sont les ressources personnelles, le fonctionnement
psychologique et les conditions du milieu (Cournoyer, 2010; OCCOQ, 2010).
À ce moment, le conseiller
mise sur des compétences relationnelles telles que les reflets de vécu
cognitif, affectif, comportemental et somatique, des questions exploratoires
visant à spécifier, de résumés, d’apports d’information ajustées au bon moment
psychologique, sinon à étendre la perspective d’un enjeu donné, de même que
l’emploi de questionnaires, d’exercices de connaissance de soi et de
l’environnement, ainsi que de projets personnels (Cournoyer, 2010). De plus, il
est préférable de focaliser sur le moment présent et sur l’avenir en termes de
possibilités. À mesure que progresse la collaboration conseiller-client, il
devient possible de saisir ensemble la dynamique subjective et intersubjective
de ce dernier. Il est essentiel que le client se sente interpellé par le
processus. Également, l’exploration de la dynamique globale du client pourra
permettre un passage vers des enjeux plus centraux chez ce dernier au-travers
de prises de conscience à l’égard de ses ressources intérieures. Au moment où
une forte mobilisation de ces dernières est présente, il devient alors possible
de mieux donner sens aux différentes options de choix, de projets ou de
changements d’études, de professions ou de secteurs d’emploi par le client.
Également, le client alors plus conscient de ce qu’il vit, ce qu’il traverse et
surtout des moyens pour s’en affranchir pourra alors préciser un plan d’action
éclairé et engagé. Enfin, plusieurs compétences relationnelles peuvent être
utilisées de façon à être en résonance avec le client dans une démarche
d’orientation. En début de processus, afin de créer une alliance thérapeutique
et une relation de confiance avec le client, les compétences relationnelles de
base sont essentielles à employer. Il s’agit de la présence et de l’écoute, de
l’empathie, de la spécificité, de l’authenticité et du respect (Egan, 2005)
Lorsque nous sentons, en tant qu’intervenant, que la relation est bien établie,
la confrontation peut alors être utile pour travailler les généralisations, les
dissonances ou encore les ambiguïtés au sein des propos du client. À tout
moment au cours du processus de counseling, mais en particulier lors de la
phase de l’exploration, il est nécessaire en tant que conseiller, de mobiliser
des compétences relationnelles dites spécifiques telles que les reflets
empathiques, les questions ouvertes et les résumés (Egan, 2005). Le reflet empathique renvoie au client ce que
l’on a compris de son monde et ainsi valider notre compréhension. Il permet
également de témoigner soulever le positif chez le client. Pour sa part, la
question ouverte permet de favoriser un discours libre et sans fermeture tout
en permettant l’exploration. Les moments d’exception et la question miracle
sont de bons exemples de questions ouvertes. Enfin, le résumé permet une
synthèse de notre compréhension du monde de notre client. Il s’agit d’amasser
l’information recueillie afin de dégager les éléments à retenir dans le
discours de notre client, puisqu’en phase d’exploration, une quantité
importante d’information est habituellement dégagée. Enfin, les compétences
relationnelles peuvent être additives ou non additives. Au cœur de cette
démarche d’aide au regard de la carrière, la relation de confiance demeure la
fondation sur laquelle le conseiller pourra employer des compétences
relationnelles plus additives au plan du contenu avancé.
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